mercredi 3 février 2016

Un Petit Bout de la Loire



Retour sur le blog après une longue absence consacrée à la méditation transcendentale. Les Ecoenologistes sont pleins de bonnes résolutions, comme il se doit en ce mois de janvier : boire énormément, encourager l'usage  des pesticides, soutenir les propriétés rachetées par des banques ou des sociétés d'assurance. Ou peut-être est-ce le contraire, je ne sais plus ce qu'on avait dit à la dernière réunion.

Une dégustation par mois assortie d'un article sur le blog, est-ce possible ? L'avenir nous le dira. En tout cas on attaque cette année 2016 avec un effectif conséquent : 13 dégustateurs autour de vins de Loire issus des appellations Anjou, Bourgueil, Saint-Nicolas de Bourgueil. Le fil conducteur, outre la région, c'est une idée, peut-être un peu vague mais sincère, de construire un réseau : vins de potes, vin du pote d'un pote, vin d'une petite propriété, d'un "Vigneron Indépendant", vin Bio, Terra Vitis. Bref, des vignerons avec un discours et une éthique qui nous parlent.

Les vins de Loire, c'est un thème qui pourrait nous occuper toute l'année : Depuis les Muscadet du pays nantais (toute la Basse-Loire autour de Nantes) jusqu'au Pouilly et Sancerre du centre de la France en passant par la Touraine et l'Anjou qui nous intéressent aujourd'hui.

Pour les rouges, ce sont des expressions du Cabernet Franc que nous dégustons. C'est le cépage des Bourgueil, cette AOC de 1937 située à l'ouest de Tours et qui s'étend sur 7 communes (une appellation spécifique est réservée au village de Saint Nicolas de Bourgueil.) Autour d'Angers, les vins d'Anjou et de Saumur sont d'une variété exceptionnelle et le Cabernet est aussi fortement présent. Chez nous, à Bordeaux, Le Cabernet Franc fait souvent partie des assemblages, mais toujours dans des proportions modestes. On en trouve particulièrement autour de Saint-Emilion. On lui préfère le Cabernet Sauvignon, plus tannique, plus acide et donc plus apte au vieillissement. Ces Cabernets Francs de la Loire donnent des vins plus légers, aux aromes de petits fruits rouges, parfois avec des notes animales.

Voici les vins dégustés ce soir-là :

- Domaine Ogereau, Anjou, Val de Loire, 2013
- Chevrette des vignobles Lorieux, Saint-Nicolas de Bourgueil 2014
- Chevrette des vignobles Lorieux, Bourgueil 2014
- Clos de l'Abbaye, Bourgueil 2013 Bio
- Clos de l'Abbaye, Bourgueil 2011 Bio

Et c'est parti :

Domaine Ogereau, Anjou 2013


La bouteille a été ramenée du dernier Salon des Vignerons Indépendants de Bordeaux. C'est une propriété qui est née en 1890 et dont Vincent et Catherine Ogereau s'occupent depuis 1989.

Ils font peut-être les frais de nos palais bordelais, les premières remarques entendues (nous assumons notre candeur) font état de l'absence de tannins et de légèreté (11.50°, chez nous c'est presque une légende que nous racontaient nos grands-parents) Un vin très rond avec peu d'acidité, assez clair. Des notes de cuir, d'épices surtout, une bouche agréable mais un peu trop fluide et trop court en bouche. Moyenne des notes 5/10. Mais nous retournerons volontiers les voir au prochain salon puisqu'ils nous avaient séduits l'an passé.



Chevrette 2014, Saint Nicolas de Bourgueil, Vignobles Lorieux


4ème génération sur ce domaine de 15 Ha. Michel Lorieux travaille également sur le Clos de l'Abbaye que nous dégustons ensuite et ce sont ces derniers qui nous font gentiment passer deux flacons sur les appellations Bourgueil et Saint Nicolas.

Une puissance aromatique remarquable, notes poivrées et des fruits rouges en attaque avec une bonne acidité et un bon équilibre. Madame la Présidente lui trouve des aromes d'Armagnac (ça va Laure ?) mais l'aurait apprécié plus long en bouche. Ecoeno-Jean-Luc l'élit quant à lui : "meilleur Bourgueil de la soirée.", quand Nico Vermillon aurait apprécié un développement plus complexe. Mais la richesse aromatique et l'équilibre entre épices et fruits rouges a charmé la plupart des convives qui attribuent une note moyenne de 7/10 (ceux qui s'amusent à mettre des 6,9/10 se chargeront de calculer les moyennes la prochaine fois !)

Chevrette 2014, Bourgueil, Vignobles Lorieux


Quand le Saint Nicolas poussait sur des terrasses sableuses de la Loire, la version Bourgueil des Vignobles Lorieux est un vin "de graviers" : des terroirs graveleux et argilo-calcaires censés donner des vins plus charnus et plus tanniques. Qu'en est-il ? On retrouve un vin à forte expression, épicé et fruité au nez puis en bouche, bien équilibré. Plusieurs dégustateurs lui trouvent plus de complexité, excepté Jean-Luc, toujours sous le charme du Saint Nicolas et gêné par une acidité qui apparait à d'autres comme participant d'un bel équilibre. Note moyenne : 7/10.

Si on se dispute gentiment sur celui qu'on a préféré, l'impression générale sur les vins "Chevrette" est donc plutôt très bonne.

Clos de l'Abbaye 2013, Bourgueil Bio

Les vignes se trouvent autour de l'Abbaye de Bourgueil et constitueraient le plus ancien vignoble encore exploité. Ca remonte au XIème siècle et depuis 1975 Michel et Joëlle Lorieux s'occupent du domaine, converti à l'agriculture biologique en 1998.

Un nez "agréablement complexe", acidulé et fin. On retrouve un côté épicé mais la bouche déçoit un peu : trop acidulée, légèrement asséchante, du fait sans doute de sa jeunesse. Une rondeur plaisante et des arômes de petits fruits rouges, mais pas tout à fait équilibré. Pas le meilleur moment pour l'apprécier, mais les qualités du Clos ne feront plus de doute avec le flacon suivant. Note moyenne 6.5/10


Clos de l'Abbaye 2011, Bourgueil Bio


Et voici la petite claque assénée par nos amis de Bourgueil à nombre de vins de chez nous qui ont la tentation de sur-vendre leur appellation. Le millésime 2011 du Clos de l'Abbaye est remarquable et fait l'unanimité. Fin, délicat. "Le vin le plus abouti, complexe et bien équilibré", "des notes de fruits et d'épices qui remplissent la bouche", un peu de sucrosité et du croquant, puissant et persistant en finale. N'en jetez plus. Un très beau vin auquel on ne trouve que des qualités.

Note moyenne : 9/10

Impression générale sur la dégustation : Certains connaissaient déjà ces appellations, mais pour les autres, le niveau moyen s'est avéré de haute tenue. Le fameux "rapport qualité/prix" est assez épatant puisque tous ces vins coûtent entre 6 et 10 € (quand le traditionnel jeu du "juste prix" évaluait les premiers autour de 12, encore une malformation bordelaise...). Les atouts charmes de ces Cabernets de Loire :   La plénitude aromatique des meilleurs vins, un équilibre remarquable et la place du fruit, des épices sans tannins trop envahissants.

On a aussi dégusté des blancs. On en parlera ultérieurement, cet article est déjà bien long ...





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